Nuages réunit exclusivement des compostions et quelques arrangements personnels. Si aucun commentaire particulier ne me vient à l’esprit concernant le travail de compositeur, j’aimerais par contre m’attarder sur l’art de l’arrangeur car, à mes yeux, c’est bien d’un art qu’il s’agit.
Au mot arrangement, je préfère d’ailleurs celui de version, plus convenable et mieux adapté à un ouvrage dans lequel l’artisan s’implique obligatoirement de manière personnelle, et cela n’a rien à voir avec la transcription qui laisse supposer, lors du passage d’une formule instrumentale à une autre, le transfert intégral et fidèle du texte musical. Le pari de l’arrangement pour la guitare est la restitution de l’essence de l’œuvre originale à travers l’espace, forcément restreint, des six cordes de l’instrument, c’est aussi une perpétuelle confrontation avec les limites techniques de la guitare.
Cela demande de la part de l’artisan une belle connaissance géographique de son instrument, un solide savoir harmonique, et surtout le souci d’être en contact permanent avec l’esprit de l’œuvre. L’arrangeur métamorphose les limites et les faiblesses rencontrées en autant de qualités nouvelles, il transforme, il enrichit l’oeuvre d’un éclairage inédit, inattendu parfois. C’est dans cette démarche que se révèle l’art de l’arrangement. Nuages est un éloge sincère de la flexibilité en matière de musique.
Je l’ai voulu respectueux de la guitare et des compositeurs – tous styles confondus – auxquels j’ai emprunté quelques notes. Mon seul désir est qu’il vous fasse plaisir. (Roland Dyens)