Ulrike Wegele

Portrait de la célèbre organiste et auteure d’ouvrages pédagogiques

Ulrike Theresia Wegele compte parmi les organistes les plus en vue de sa génération. Originaire de Weingarten dans le Bade-Wurtemberg, elle enseigne à Graz et Eisenstadt et vit à Vienne, où elle a publié sa célèbre Orgelschule mit Hand und Fuß (Méthode d'orgue des pieds et des mains) chez l’éditeur Doblinger. Lisez ici comment son parcours d'organiste a commencé le "vendredi du Saint-Sang", comment son examen d'entrée est devenu involontairement surprenant, quelle littérature d'orgue et quelles partitions lui tiennent à cœur et comment, selon elle, Internet change le monde de la musique et des partitions.

Toutes les partitions d’Ulrike Wegele

Ulrike Wegele |

Site internet: https://wegele.at/

Apprendre l'orgue pour les débutants, les réapprenants et les autodidactes

Apprendre l'orgue pour les débutants, les réapprenants et les autodidactes

L'organiste reconnue dans le monde entier Ulrike Theresia Wegele nous parle de sa célèbre "Méthode d’orgue des pieds et des mains", qui couvre en trois volumes tout ce dont on a besoin pour travailler toute la littérature pour orgue. Découvrez la structure variée et passionnante des manuels, pourquoi on n’y trouve pas de licornes, de chevaliers ou de fées, et les motivations très personnelles qui ont conduit à l'œuvre de sa vie.

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Comment la musique a-t-elle influencé votre enfance et comment en êtes-vous venu à jouer de l'orgue ?

Il y a toujours eu un piano dans la maison de mes parents et j'ai pu commencer à prendre des cours dès l'âge de cinq ans. J'ai découvert mon amour pour l'orgue à l'âge de six ans. Dans ma ville natale de Weingarten, la plus grande procession équestre d'Europe a lieu chaque année le vendredi après l’Ascension. À six heures du matin, une messe solennelle a lieu dans la basilique en ce vendredi dit ‘du Saint-Sang’. Je n'avais pas encore tout à fait six ans lorsque mon grand-père m'a emmené pour la première fois.

Lorsque la célébration de la messe s'est ouverte sur un prélude d'orgue et que j'ai entendu pour la première fois le célèbre orgue de Joseph Gabler, je suis immédiatement tombée amoureuse de cet instrument et, au grand dam de mon grand-père, j'ai passé le reste de la messe le dos à l'autel, les yeux rivés sur ce magnifique orgue. J'ai dû attendre deux ans pour que mes jambes soient assez longues pour atteindre les touches des pédales avec la pointe des pieds. Ma mère a construit pour moi une sorte de ceinture qui m'empêchait de glisser du banc de l’orgue.

Blutritt, Joseph Bayer - 1865

La tradition séculaire de la plus grande procession équestre d'Europe à Weingarten. (Joseph Bayer - 1865)

Qu'est-ce qui a motivé votre choix de carrière ?

Dès l'âge de douze ans, mon souhait professionnel était clair : je voulais devenir organiste. C'est aussi à cet âge que j'ai enseigné la flûte à bec à mes premiers élèves. À quinze ans, j'ai eu mes premiers élèves d'orgue. Il m'est vite apparu que l'enseignement était ma véritable passion.

Dès votre plus jeune âge, vous saviez exactement ce que vous vouliez. Cela a rendu votre examen d'entrée involontairement surprenant…

Mon professeur d'orgue au lycée m'a conseillé de m'inscrire à la Musikhochschule de Stuttgart auprès de Ludger Lohmann, mais il ne m'a pas dit qu'il était d'usage de jouer une fois devant le professeur souhaité avant l'examen d'entrée. Je ne savais pas non plus qu'une improvisation et un test de solfège étaient exigés. Il y avait alors 62 candidats pour seulement deux places disponibles. Lors du test de solfège, j'avais peut-être un taux de réussite de 10 %, car je n'avais jamais fait de dictée de notes à deux voix auparavant. Lors de l'audition, on m'a présenté – faute de connaissances de ma part – deux chansons que j'ai chantées à vue.

Au moment de l'audition d'orgue, j'ai été invitée à entrer dans la salle d'orgue par un homme très jeune, grand et blond, qui faisait également office de registrant. J'ai commencé par le prélude en si mineur BWV 544 et je l'ai registré en organo pleno. L'assistant intervint et enleva la mixture et le registre d'anches de la pédale en disant : "Les professeurs n'aiment pas que ce soit si fort." Je contestai : "Mais c'est ainsi qu'il faut registrer", et j'ai remis les registres en place.

Il en a été de même pour mon deuxième prélude, le choral en la mineur de Cesar Franck, là aussi le beau jeune homme a voulu intervenir. J'ai dû alors agir avec un peu plus de fermeté et lui faire savoir qu'il s'agissait de mon examen d'entrée et que j'effectuerais la registration comme prévu par le compositeur.

Lorsque j'ai pris congé des professeurs du jury après l'audition et que j'ai quitté la salle d'orgue, j'ai été accueillie par une concurrente devant la porte. Elle m'a tout de suite demandé si Ludger Lohmann avait également fait la registration pour moi. Je lui ai répondu : "Non, c'est un jeune étudiant qui a essayé d'interférer avec ma registration." Elle m'a demandé s'il était grand, mince, blond et s'il portait des lunettes ? Je devais admettre que la description correspondait. "C'est Ludger Lohmann !"

Vous avez quand même réussi !

Je m'en voulais énormément et pensais que c’était sûre que je ne serai pas prise. Quinze jours plus tard, j'ai reçu une lettre du conservatoire m'annonçant que je devais repasser le test de solfège au bout d'un semestre, mais qu'en dehors de cela, j'avais obtenu la note maximale et que j'allais être affectée au professeur Lohmann, j'avais du mal à croire à ma chance.

Comment êtes-vous devenue professeur ?

Bien que j'aie étudié la musique d'église et la musique de concert – en raison de la large palette de la formation –, j'ai su très tôt que je ne voulais pas travailler comme musicienne d'église. Mon désir d'enseigner n'avait pas disparu. Par pur intérêt, j'ai postulé pour un poste d'enseignante au conservatoire de Graz alors que j'étais encore étudiante au conservatoire de Vienne. Contre toute attente, j'ai obtenu ce poste d'enseignement et j'y suis encore aujourd'hui dans une fonction modifiée.

Qu'auriez-vous souhaité que quelqu'un vous dise auparavant à propos de votre profession ?

Mon métier est exactement comme je l'avais imaginé. J'ai beaucoup de plaisir à enseigner, et les concerts me permettent non seulement de découvrir des orgues et des gens particuliers, mais aussi des villes intéressantes. J'aime toujours autant donner des masterclasses, des conférences et des cours de formation continue, car les rencontres et les impressions sont toujours nouvelles.

Si vous pouviez travailler avec un musicien/compositeur en particulier, qui choisiriez-vous ?

Si c'était possible, j'aimerais être élève de Jean-Sébastien Bach pendant un certain temps. J'ai beaucoup étudié la méthodologie d'enseignement de Jean-Sébastien Bach et j'ai même écrit une conférence à ce sujet. Certaines choses peuvent être clairement démontrées, d'autres peuvent être imaginées, mais beaucoup restent de pures spéculations. J'ai beaucoup de questions et j'aimerais découvrir sa manière d'enseigner.

Quels sont vos morceaux d'orgue favoris ?

Je n'ai pas de morceau favori. J'aime bien sûr beaucoup Jean-Sébastien Bach, mais j'aime aussi beaucoup jouer des maîtres de l'orgue d'Allemagne du Nord comme Dietrich Buxtehude, Nicolaus Bruhns ou Georg Böhm. J'aime autant la musique rococo, la musique des fils et des élèves de J. S. Bach que les œuvres pour orgue de Cesar Franck, Felix Mendelssohn, Johannes Brahms ou Robert Schumann. J'aime Jehan Alain et beaucoup de Naji Hakim, j'aime beaucoup de choses.

Quelle musique écoutez-vous quand vous êtes seul(e) ?

J'écoute peu de musique à la maison, je le fais volontiers lorsque j'assiste à des concerts. J'écoute très rarement des enregistrements de musique d'orgue. J'en ai toute la journée quand je donne des cours et quand je m'exerce moi-même. En voiture, j'aime écouter de la chanson française, mais aussi Abba ou Herbert Grönemeyer.

Quel est l'impact d'Internet et de la technologie sur le monde de la musique, utilisez-vous des partitions numériques ?

Internet a beaucoup changé le monde de la musique. Souvent, les étudiants viennent me voir avec de mauvaises éditions qu'ils ont téléchargées gratuitement quelque part. Pour moi, les bonnes éditions qui respectent l'autographe (mot-clé : Éditions originales Urtext) sont très importantes. D'une manière générale, Internet est une bénédiction pour la recherche et l'étude, avec peu d'efforts, on peut consulter des autographes dans des bibliothèques éloignées.

Pour ma part, je continue à jouer de manière très conventionnelle à partir de mes ouvrages de partitions, et je continuerai à le faire jusqu'à ma retraite. Mais la plupart de mes étudiants jouent déjà sur des ordinateurs portables ou des iPads. Ma génération a encore tout naturellement transporté des sacs remplis de partitions et de livres spécialisés.

Quelle est la plus belle partition que vous possédez ? Vous souvenez-vous de la première partition que vous avez reçue lorsque vous étiez enfant et du premier livre de musique que vous vous êtes acheté ?

Je n'ai pas d'édition musicale préférée, mais je regarde toujours avec grand plaisir les éditions de Jean-Sébastien Bach disponibles en fac-similé, comme par exemple l'Orgelbüchlein, les 18 Chorals et autres, ainsi que les fac-similés d'autres compositeurs et compositrices.

Le premier ouvrage de partitions que j'ai reçu était le Petit livre de notes d’Anna Magdalena Bach. Les premières partitions que j'ai achetées moi-même étaient les préludes et toccatas de Dietrich Buxtehude, dont j'apprécie maintenant beaucoup l'édition Broude Trust de Belotti.

Orgelbüchlein BWV 599–644 – Das Faksimile

Orgelbüchlein BWV 599–644 – Fac-similé

Die 18 großen Orgelchoräle (BWV 651–668) – Das Faksimile

Les 18 grands chorals pour orgue (BWV 651–668) – Fac-similé

Notenbüchlein für Anna Magdalena Bach

Petit livre de notes d’Anna-Magdalena Bach

Dieterich Buxtehude  – The Collected Works

Dieterich Buxtehude – The Collected Works

Pensez-vous qu'une activité spécifique, qui n'a rien à voir avec la musique, soit importante pour les musiciens ?

Je pense que chaque musicien doit découvrir pour lui-même quel équilibre lui convient. Pour moi en tout cas, c'est l'exercice en plein air. Je fais régulièrement de la marche nordique, cela me fait du bien. En général, j'aime être dehors, dans la verdure, à la mer ou à la montagne.

Quels sont vos rêves en tant qu'artiste/auteur ? Y a-t-il des choses que vous voulez encore réaliser ?

Je n'ai pas de rêve inassouvi en tant qu'artiste. Peut-être que j'écrirai un jour de grandes œuvres pour orgue, j'ai suffisamment d'idées. Il y aura peut-être aussi un deuxième livre sur les pédales, la demande serait là. Actuellement, je consacre mon temps libre à l'écriture d'un roman qui n'a rien à voir avec l'orgue, une autre forme de créativité, mais aussi très joyeuse.

Rédacteur : Florian Boberski

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